Pas de vues, pas de salut ?

Je vois encore pulluler sur les réseaux, et surtout sur LinkedIn, des croyances qui sont à mon avis néfastes pour tous ceux qui veulent avoir des activités commerciales en ligne.

Ce que je vois, c’est que beaucoup pensent que les vues ne servent à rien. Que ce sont des vanity metrics. Que ce qui compte, c’est l’impact.

J’ai encore vu récemment passer plusieurs posts LinkedIn disant peu ou prou la même chose : « je ne fais pas beaucoup de vues, je n’ai pas beaucoup d’abonnés, mais lorsque je poste, je génère des leads très qualifiés qui deviennent des clients ».

Vous avez vu passer ces posts.

Vous n’y croyez pas, et vous avez raison.

Pourquoi ? Parce que deux mécanismes sont à l’œuvre quand on veut faire du business sur les réseaux sociaux. Et il serait temps qu’on arrête de les ignorer sous prétexte qu’on veut faire « mieux que les autres avec moins ». Spoiler : ça ne marche pas comme ça.

Ces deux paramètres sont la communauté, et ce que l'on appelle de manière sommaire la monétisation de l'audience.

1. Le lien entre les impressions et les abonnements

Oui, c’est un vrai lien. Ce n’est pas une intuition, ce n’est pas un mythe, il y a une corrélation extrêmement forte entre les impressions, mesurée par les "vues" de chaque post, et la croissance de l'audience.

Plus vous avez d’impressions (de vues), plus vous avez de chances de transformer ces vues en abonnements.

En effet, une fraction des personnes qui voient vos publications va s'abonner pour en voir plus. Cette fraction change avec la niche et le type de contenus que vous publiez.

Et cela en raison d'un raisonnement simple: une publication est le lancement d'une conversation. Certaines personnes souhaitent participer à cette conversation et aux futures, alors elles s'abonnent. D'autres veulent juste lire la conversation, et elles ne s'abonnent pas.

Et ces abonnements sont la porte d’entrée vers la construction d’une audience. Prenez n’importe quel compte qui a aujourd’hui une forte influence sur LinkedIn ou ailleurs. À un moment donné, ils ont explosé leur reach. Parfois grâce à un post viral (mais c'es rarement suffisant), parfois grâce à la régularité, parfois grâce à une série bien pensée, et parfois tout ensemble.

Mais à aucun moment, ces personnes ne sont restées dans l’ombre à générer des leads en douce sans jamais faire de bruit.

Cela n’existe pas. C’est de la pure fan-fiction LinkedIn. Et surtout, pourquoi voudriez-vous vous priver de la visibilité ? C'est comme cela que l'on construit une marque.

C’est comme ouvrir une boutique et ne pas vouloir que les passants voient la vitrine. Vous pouvez avoir le meilleur produit du monde, si personne ne vous voit, il ne se passera rien. Le volume de vues est un indicateur de la santé de votre diffusion. C’est une donnée brute, oui, mais indispensable. Car sans diffusion, pas de découverte. Et sans découverte, pas de relation. Mais attention : avoir une audience n’est pas une fin en soi.

Et surtout, il faut comprendre ce que cela veut dire, et revenir à la notion de niche.

Si vous êtes ingénieur dans le nucléaire et que vous ne publiez que sur les aspects techniques de votre métier, combien de personnes pouvez-vous intéresser sur LinkedIn par exemple ? 1000 ? 2000?

Dès lors, si vous avez 1000 abonnés, vous avez une très grosse audience. Et si vous faites un post avec 2000 vues, vous avez fait un carton.

Ce qui compte donc, c'est la proportion de la niche totale affectée par vos contenus, et c'est cela qui provoquera votre impact.

Mais ce n'est pas suffisant. Même s'il y a une corrélation forte entre visibilité et impact, vous ne faites toujours pas de business. Vous pouvez avoir du succès sur les réseaux sans que cela se concrétise en volume d'affaires, et c'est normal.

Que les gens vous suivent, c'est normal si votre contenu les intéresse. Mais pour les conduire à devenir vos clients, il faut autre chose. Et ce n'est pas simplement la logique de monétisation.

2. Vous devez créer un lien émotionnel fort avec votre audience

Construire une audience, c’est comme remplir une salle de spectacle. C’est utile, mais encore faut-il que ce que vous avez à dire ou à vendre donne envie de rester après le premier acte. Et c’est là que les choses se corsent. Ceux qui pensent que les vues ne servent à rien mettent en réalité un couvercle sur leur propre manque de clarté dans la conversion.

Ce n’est pas que les vues ne valent rien, c’est qu’ils ne savent pas quoi en faire.

Ils n’ont pas de stratégie de contenu pensée pour transformer une curiosité passagère en relation durable.

Ils n’ont pas d’offre claire, pas de parcours utilisateur, pas de mécanisme de capture ou d’engagement.

Les vues ne sont pas là pour dire "regarde comme mon post a marché", mais plutôt pour contribuer à construire une marque qui est censée délivrer de la valeur. Alors ils se rassurent comme ils peuvent : « J’ai peu de vues, mais elles sont qualifiées. » Peut-être. Mais imaginez ce que ça donnerait si vous aviez les deux : la visibilité et la conversion.

Parce que oui, c’est ça l’objectif : avoir un message qui touche beaucoup de monde et qui convertit les bonnes personnes.

Le cœur de votre niche

Le cœur de votre niche dans un premier temps, puis les niches adjacentes ensuite. Ce n’est pas un choix entre quantité et qualité.

Il n'y a pas d'alternative entre les deux.

L'objectif, c'est une montée en compétence pour aller chercher les deux.

Et pour aller chercher les deux, vous devez construire un lien émotionnel fort avec votre audience.

Les gens vous suivent ? Parfait. Maintenant il faut qu'ils restent et que vous soyez "top of mind" (notoriété spontanée) lorsqu'ils pensent à un service dont ils ont besoin et que vous pouvez leur rendre.

La règle d'or est donc la suivante: ne vendez rien dans vos contenus, mais dirigez NATURELLEMENT les gens vers le lieu où vous vendez

Ne vendez rien: car c'est très ennuyeux.

Naturellement: créez un flux vers votre offre.

Les gens sauront ce que vous proposez et où, et ils viendront vers vous quand ils en auront besoin.

En résumé :

Il faut arrêter de faire semblant.

Chercher à faire de la viralité juste pour les vues ne sert à rien. C’est du feu d’artifice. Ça fait du bruit, ça éclaire un moment… puis plus rien.

Si vous n’avez rien à dire derrière, aucune logique de conversion, aucun mécanisme de rétention, ce n’est pas du marketing.

C’est de l’égo-trip avec un filtre Instagram.

Chercher à convertir sans faire de vues, c’est s’épuiser pour rien.

C’est l’équivalent digital de faire un exposé dans une salle vide.

Bravo pour l’effort, mais il n’y avait personne pour l’entendre. Vous pouvez avoir le discours le plus affûté, l’offre la plus irrésistible, si personne ne vous voit, vous êtes invisible. Point.

Ce qu’il faut, c’est un travail systématique et cohérent entre la génération de vues et la transformation de ces vues en audience actionnable.

Pas de vues = pas de flux entrant.

Pas de conversion = pas de résultat.

Conclusion : arrêtons les excuses

Derrière les discours « low-vues mais high-impact » se cachent souvent des croyances limitantes, un manque d'effort sur la stratégie, et/ou une faible compréhension des mécanismes tactiques ( ce qui n'est pas un problème: cela s'apprend).

C’est plus facile de prétendre que les vues ne comptent pas que d’apprendre à construire une stratégie de contenu qui performe ET qui vende. Si vous voulez vendre sur les réseaux, il vous faut une visibilité suffisante, une audience claire, sur une niche délimitée, un message fort et une capacité à convertir.

Pas juste un ou deux leads qui tombent une fois par mois en DM parce qu’un ami a recommandé votre post à quelqu’un.

Ne soyez pas la personne qui se vante de remplir une salle à moitié vide.

Soyez celle qui comprend comment remplir la salle et faire en sorte que tout le monde reparte avec un billet en main.

Parce que sur LinkedIn, comme ailleurs, l’attention est un capital. Et c’est votre job de le transformer en valeur.

Donc si vous voulez que ça marche, arrêtez de choisir entre « faire beaucoup de bruit » et « convertir dans l’ombre ».

Vous avez besoin des deux. Parce qu’une stratégie cohérente, ce n’est pas juste une série de coups de chance.

C’est une intention qui s’exécute dans la durée.