En 2026, la transformation digitale est morte.
Mais un nouveau Graal, plus actuel, la remplace:
l'IA Compatibilité
par Jean-Philippe Timsit
Cela fait 20 ans qu’on nous en parle. Elle a été au cœur de toutes les réunions, de tous les comités, de tous les groupes projets. Elle était présente explicitement, ou tapie dans l’ombre, latente, évanescente, mais toujours omniprésente. Qu’en est-il aujourd’hui des enjeux de transformation digitale ? Et bien c’est simple. Pendant plus de 20 ans, la “transformation digitale” aura été la grande aventure des entreprises. Mot-clé magique des consultants pour décrocher des missions ; sujet incontournable des conférences et des masterclass ; programmes de formation majeurs des grandes écoles et des formateurs indépendants. Le fameux chantier à plusieurs millions qui promettait de moderniser les organisations, de libérer les collaborateurs, de créer de la valeur, et oui, disons-le, de se projeter dans le futur. Tous les problèmes de l’entreprise allaient être réglés. Transformons-nous criaient-on partout.
Mais aujourd’hui, en 2025, un constat s’impose : qui parle sérieusement de transformation digitale ? Qui dit sérieusement que la transformation digitale est la solution à tous nos problèmes ? Qui vante la transformation digitale comme le Graal, la pierre philosophale, la sainte trinité ?
Personne. La transformation digitale est morte.
Mais attention. Elle est morte, certes, mais morte de sa belle mort.
Morte, mais pas parce qu’elle n’a pas fonctionné.
Décédée, mais pas parce qu’elle a échoué partout.
Trépassée, mais parce qu’elle a perdu sa raison d’être.
Les entreprises sont déjà digitalisées. Les outils et pratiques numériques sont omniprésentes. Les clients vivent déjà quotidiennement dans le digital avec leurs téléphones mobiles, les réseaux sociaux et les outils dans le cloud. Les collaborateurs sont nés dedans, car même les enfants d’il y a 20 ans sont des junior aujourd’hui. Ils ont grandi dans des environnement numériques, à l’école, en famille, avec leurs amis, dans la vie tout simplement. Et le monde avance trop vite pour que ce concept, inventé il y a plus de vingt ans, puisse encore décrire la réalité de ce qui se joue aujourd’hui.
Voici les 7 raisons profondes pour lesquelles elle a disparu, pourquoi ce n’est pas une mauvaise nouvelle, et surtout : quelle est notre nouvelle frontière.
1. Parce que tout le monde est déjà transformé
Je sais que cette phrase peut sembler étrange. Nous connaissons tous des gens en difficulté avec Internet, ou leur téléphone. Mais la situation aujourd’hui est très différente d’il y a 20 ans.
Pendant longtemps, la “transformation” a évoqué un passage : un mouvement, un cap à franchir, une transition depuis un monde analogique vers un monde numérique. Sauf que ce mouvement a déjà été fait. Il est derrière nous pour la très grande majorité des entreprises et de nos citoyens. Ce n’est aujourd’hui plus un basculement nécessaire, l’objectif d’il y a 20 ans est notre quotidien aujourd’hui.
Les entreprises ont déjà intégré le numérique. La majorité des entreprises françaises, PME, ETI, grands groupes, ont déjà numérisé :
- Leurs processus commerciaux : qui prend une commande dans un cahier ou envoie un devis par la poste ? Et même si ce n’est pas le cas pour toutes les entreprises, les flux de vente sont numérisés depuis longtemps : devis instantanés, signatures électroniques, paiements en ligne, CRM intégrés.
- Leurs flux documentaires : les archives papier ne sont plus la norme. Les documents sont partagés, versionnés, commentés, stockés dans le cloud, accessibles partout, tout le temps. Et même si pour certains domaines règlementaires, le papier reste indispensable (dans la comptabilité par exemple, avec un délai de 10 ans), la numérisation des documents est devenue la norme.
- Leur relation client : fini les notes griffonnées sur un coin de bureau. Les interactions sont tracées, historisées, synchronisées dans des outils dédiés, qu’il s’agisse de CRM, de tickets ou de messageries. Les options sont multiples, mais les processus sont aujourd’hui informatisés, même chez des artisans de quelques salariés. Par exemple, la plupart des boulangeries ont une caisse connectée.
- Leurs pratiques RH : les CV papier, les dossiers physiques, les fiches de suivi ou les plans de formation rangés dans un classeur appartiennent au passé. Le recrutement, la formation, les parcours collaborateurs : tout est déjà informatisé, car il n’est plus possible de faire autrement.
- Leur communication interne : aucune entreprise moderne ne communique uniquement par affichage ou notes internes. Les équipes utilisent les groupes WhatsApp, Teams, Slack, Google Workspace, des intranets, des canaux de communication instantanée et des bases de connaissances interactives.
- Leur marketing : plus personne ne fait du marketing “papier-first”. Les campagnes, la data, les parcours clients, les contenus : tout est conçu, diffusé et optimisé en ligne. Et même pour les supports papiers, ils sont conçus sur des outils informatisés en première intention.
Même les secteurs réputés en retard, que l’on parle du BTP, de certaines industries ou de la santé, n’en sont plus au stade de la prise de conscience. Le BTP bascule dans le BIM ; les industries automatisent les processus de conception et de production avec l’IA ou les metavers industriels (comme Renault) ; la santé est le secteur le plus fortement en croissance aujourd’hui dans les technologies de réalité augmenté et virtuelles ainsi que dans l’IA (avec la radiologie interventionnelle par exemple, dans les IRM). Et l’artisanat ? L’artisanat progresse très vite, avec des outils et technologies dédiés, et des processus d’automatisation en très forte croissance.
Quant aux employés, ils sont déjà sur l’autre versant de la montagne, et souvent bien plus vite que leur entreprise.
Les collaborateurs travaillent :
- Avec Teams, Slack et WhatsApp
- Sur smartphones
- Avec des outils cloud
- Dans des workflows automatisés
- Avec des tableaux de bord de performance
Ils gèrent leur vie administrative en ligne et utilisent l’IA au quotidien, même sans s’en rendre compte : recommandations, automatisations, recherche intelligente, design, pilotage de projets, élaboration de documents longs, création de contenus, calculs complexes, …
Reste le sujet des clients, car les comportements des clients ont basculé, eux aussi :
- Recherche d’informations en ligne via des outils mus par IA, que l’on parle de Google ou de Perplexity
- Avis clients en ligne
- Comparateurs
- Achats omnicanaux
- Interactions asynchrones
- Exigence de rapidité, dans la définition du besoin, l’exécution de la commande ou la livraison
Dire que les entreprises doivent “passer au digital”, qu’elles doivent se transformer, c’est comme utiliser un slogan vieux de 20 ans, vidé de sa substance. En 2026, c’est comme dire qu’elles doivent adopter l’électricité, parce que c’est mieux.
2. Parce que le digital n’est plus un projet, c’est l’environnement
S’il y a bien quelque chose que les consultants ont vendu pendant dix ans, c’est l’idée de roadmap : un plan, une gouvernance, un chantier, une trajectoire.
Le numérique était envisagé comme une sorte de construction avec un ensemble de modules, de compétences, de logiciels, de services, comme une séquence de projets. La transformation était conçue étape par étape.
En 2026, cette vision ne tient plus, car le numérique n’est plus un programme planifiable pas à pas pour des gens qui n’y comprennent rien.
Aujourd’hui, Internet est omniprésent pour tout le monde. C’est devenu la base. Le terrain de jeu.
Le système nerveux des entreprises.
Le digital n’est pas une ligne dans un plan stratégique. Il n’est même plus mentionné. On ne dit plus « et si on utilisait Internet », ou « tu pense qu’il nous faut un site web ». Le digital aujourd’hui, c’est la condition d’existence des autres lignes.
Les cycles sont devenus trop rapides. Entre 2015 et 2025, la vitesse d’évolution technologique a explosé : les cycles d’évolution des outils, la versatilité des clients, les évolutions technologiques des métiers.
Rendez-vous dans le laboratoire d’une boulangerie, dans le chai d’un vignoble, sur une chaine de montage. Les températures sont contrôlées, les méthodes ont changé en raison de la numérisation, les logiciels sont omniprésents, même dans les métiers très traditionnels, permettant des contrôles qualité, la baisse des coûts marginaux ou la stabilisation des standards de production.
Alors comment bâtir une roadmap à 3 ans dans un monde qui évolue plus vite que votre comité de direction ? Quand l’horizon temporel évolue si rapidement, la numérisation de certaines tâches n’est plus une option, et ces choix se sont généralisés, les entreprises ont dû s’adapter, en continu
La transformation digitale était perçue comme un projet. Or le terme “projet” implique :
- Un début, avec un diagnostic plus ou moins stable dans le temps ;
- Un déroulement, en phase avec le diagnostic et les objectifs ;
- Une fin : le moment où les objectifs sont atteints, ou les ressources épuisées.
Or le numérique n’a jamais de fin. Qui est capable de dire quand se termine la transformation ? Dans les faits. De manière mesurable et certaine.
Personne. Personne, sauf si nous avons changé d’époque.
Le digital n’est plus un projet, et façonne le monde dans lequel les entreprises évoluent aujourd’hui.
3. Parce que l’accélération de l’IA a rendu le concept obsolète en changeant les processus
La plupart des grandes feuilles de route digitales ont été créées entre 2012 et 2019. C’était l’époque des grands projets, et de grandes entreprises donnaient l’exemple, comme L’Oréal qui a très tôt digitalisé sa relation clients.
À cette époque, le numérique signifiait :
- Dématérialisation
C’était la première étape de la transformation digitale : remplacer les papiers, les formulaires, les dossiers physiques par des formats numériques. Factures électroniques, signatures digitales, GED, formulaires en ligne, stockage cloud. Ce chantier a été immense, mais il est aujourd’hui généralisé. La grande promesse était simple : réduire la friction administrative. Et les couts ont tellement baissé que l’accessibilité aujourd’hui est totale.
- Refonte des processus
L’objectif était d’optimiser la façon dont l’entreprise travaille : simplifier les workflows, réduire les étapes inutiles, éliminer les doublons, fluidifier les circuits d’approbation. On parlait de BPM (Business Process Management), de Lean, de Value Stream Mapping. Des schémas, des ateliers, des post-it, des process owners. Cette refonte a permis d’améliorer la productivité, la création de nouveaux métiers aujourd’hui standard (comme business owner) mais elle reposait sur une logique lourde, structurée, souvent lente.
- Mise en place d’un CRM (Customer Relationship Management)
Le CRM est devenu le cœur battant de la relation client. Un système centralisé pour gérer les prospects, suivre les opportunités, automatiser les relances, mesurer la performance commerciale. SalesForce, HubSpot, Dynamics : les entreprises ont massivement adopté ces outils. Ils restent essentiels et leurs couts ont considérablement baissé.
- Data analytics
Longtemps, analyser la donnée signifiait : collecter, nettoyer, structurer, modéliser, visualiser. Des équipes entières de data analysts et de data engineers ont travaillé à transformer des données brutes en tableaux de bord intelligibles. Le but : prendre de meilleures décisions. Le problème : les cycles étaient longs, les outils rigides, et la valeur arrivait parfois des mois après la demande initiale. Aujourd’hui, l’IA générative décloisonne tout : les analyses se font en langage naturel.
- Automatisation
La promesse : déléguer à des logiciels les tâches répétitives. Les entreprises ont automatisé leurs factures, leurs relances, leurs validations, leurs synchronisations d’outils. Cette automatisation a amélioré la productivité, mais elle restait mécanique, rigide, fragile. L’automatisation version 2018 n’avait rien d’intelligent : elle reproduisait fidèlement une règle, sans capacité d’adaptation.
Puis, l’IA générative est arrivée comme un raz-de-marée. L’IA a changé les règles du jeu. Ce qui constituait la colonne vertébrale de la transformation digitale a été balayé en trois ans, car les pratiques changent à une vitesse folle : les workflows peuvent se construire sans développeurs grâce au no code ; certaines tâches deviennent automatisables, permettant de se contrer sur les tâches cruciales ; les interfaces, les contenus, la complexité technique et le travail sur les données se transforme, s’organise de manière différente.
Le sujet n’est plus de digitaliser. Le sujet est de repenser complètement :
- Les produits : de la conception à la commercialisation
- Les processus : avec des workflows moins statiques, plus adaptables, plus dynamiques
- Les modèles économiques : ils sont repensés, l’IA pouvant permettre d’introduire des flux de revenus différents
- Les business units : les silos restent des problèmes, mais les solutions émergent
Le numérique était un passage qui s’est imposé à tous, et souvent violemment. l’IA quant à elle est plutôt un changement de logique.
La transformation digitale disait : “passons d’un mode de fonctionnement à un autre”.
L’IA dit :“changeons la façon même dont l’entreprise produit de la valeur”.
La transformation digitale avait un début ; l’IA quant à elle devient le sujet.
4. Parce que les vrais sujets sont ailleurs
Les dirigeants ne se lèvent plus le matin en se demandant : “où en est notre transformation digitale ?”
Ils ont d’autres soucis, bien plus urgents, bien plus structurants.
Voici les 7 points qui reviennent systématiquement de mes conversations avec des dirigeants :
Le client
Les clients n’attendent plus. Les comportements changent. Comment les interpréter mieux que les concurrents, qui eux aussi cherchent à faire pareil. C’est une guerre de mouvement, où le plus fort n’est pas le plus gros, le plus riche, le plus puissant, mais bien le plus rapide.
La concurrence
Les frontières économiques sont mortes. Votre concurrent direct peut être :
- une start-up indienne
- une scale-up américaine
- une PME allemande
- un acteur africain ou sud-américain qui monte très vite
La notion de groupe stratégique portérienne est morte. Les 5 forces ne sont plus qu’un mythe.
Contenir des coûts d’acquisition insoutenables
Les couts d’acquisition (CAC) explosent. Les plateformes deviennent payantes. Le contenu sature les réseaux à cause de l’IA générative. Le SEO est bouleversé par l’IA, et des efforts de plusieurs années disparaissent en fumée.
S’adapter à la polarisation des business modèles
Les marchés s’étirent principalement dans deux directions :
- Premium → forte valeur, forte marge, faibles quantités
- Low-cost → industrialisation, automatisation, ultra-volume, faibles marges
Le milieu se vide et se retrouver coincé est de plus en plus facile. Comment éviter cela ?
Faire face à des clients versatiles
La loyauté disparaît, ou en tout cas elle est plus compliquée à construire et pérenniser, car la comparaison est permanente et l’engagement devient rare.
Accélérer la productivité
L’allocation optimale des ressources devient de plus en plus délicate en raison des incertitudes qui se multiplient et des processus de prise de décision qui reposent sur des situations plus friables.
Comprendre l'impact réel de l’IA sur leur industrie
L’IA n’impacte pas un secteur, elle recompose un secteur.
L’IA n’est pas un « game changer ». L’IA, c’est le « game ».
Ces sujets ne sont pas digitaux par nature. Ce sont des sujets stratégiques, et leur forme est digitale.
Et, ironiquement, c’est parce qu’ils sont devenus stratégiques que l’expression “transformation digitale” n’a plus d’utilité.
5. Parce que l’expression a été vidée de son sens par les cabinets
« Transformation digitale ». Avez-vous vécu dans une grotte pour ne pas avoir entendu ce terme plus de 3 millions de fois ces 20 dernières années ?
Soyons honnêtes : si ce terme a perdu tout impact, c’est aussi parce qu’il a été surexploité.
Trop de missions, trop de slides, trop de frameworks, trop d’excuses pour facturer, trop de prétexte pour réformer, changer, modifier, adapter. Mais pour quoi en définitive ?
La transformation digitale a été le business model le plus rentable des cabinets de conseil pendant dix ans.
Résultat :
- Audits à la chaîne, dans personnalisation ou respects des spécificités ;
- Diagnostics copié-collé, car quand on l’a déjà fait, pourquoi le refaire ?
- Frameworks recyclés, si ça a déjà marché, pourquoi ne pas le resservir ?
- Slides PowerPoint usés jusqu’à la corde, réalisés en Inde par des graphistes qui ne comprenaient pas ce qu’ils produisaient ;
- Missions interminables, revers de la médaille de la facturation à la journée ;
- Jargon à haute intensité bullshitesque, parce que c’est toujours mieux pour paraitre savant.
Le mot a perdu sa substance. Il a été rincé. Essoré. Délavé. Anéanti.
Même destin que “innovation” ou “agilité”. Lorsque tout devient “innovation”, plus rien n’est innovant. Lorsque tout devient “agile”, plus rien ne l’est vraiment.
Le mot transformation digitale a subi la même érosion. Il ne signifie plus grand-chose.
Et même les dirigeants qui l’emploient encore n’y croient plus vraiment.
6. Parce que personne ne veut encore faire un “projet” qui ne finit jamais
La fatigue du changement est réelle. Elle s’est accumulée pendant dix ans. Et elle atteint aujourd’hui un point de rupture.
Les budgets sans fin ont lassé. Des millions dépensés pour des résultats parfois très modestes. Des promesses qui n’arrivent jamais. Des outils qui vieillissent trop vite. Des effets de mode incessants.
Le ROI est devenu une exigence, pas une option
Le digital promettait de la valeur. Mais il l’a souvent diluée dans la complexification des process, le sur-outillage des équipes mais le faible niveau de formation, la multiplication des interlocuteurs « experts », les dépendances techniques et technologiques, et les problèmes de « legacy » insoluble (« tu comprends Michel, c’est historique »)
Aujourd’hui, les entreprises veulent des résultats rapides, clairs, mesurables. Les organisations saturent des changements culturels imposés. Pendant des années, on leur a répété :“soyez collaboratifs”, “soyez agiles”, “soyez innovants”. Mais qui connait une injonction plus paradoxale que « soyez innovant » ? Pourtant, les processus de transformation digitale reposaient sur ces notions.
La transformation est devenue synonyme de fatigue. Les dirigeants veulent du tangible. Fini les programmes à 5 ans. Fini les séminaires sur le digital mindset. Fini les diagnostics interminables.
Ce que l’on appelait transformation digitale était un marathon. Ce que les entreprises veulent aujourd’hui, ce sont des sprints utiles qui affectent positivement le ROI.
7. Parce que les clients ont pris de l’avance sur les entreprises
C’est probablement le point le plus ironique mais aussi le plus révélateur.
Pendant des années, on a dit aux organisations : “vous devez vous digitaliser”.
Mais les clients, eux, n’ont attendu personne. Les clients vivent déjà en 2026.
Ils achètent avec leur téléphone, comparent en 3 secondes, demandent des réponses immédiates, utilisent l’IA dans leur quotidien, consomment du contenu court, adoptent de nouveaux services instantanément, changent de marque sans états d’âme.
Ils donnent le ton, dictent le rythme, décident, choisissent, s’informent, changent d’avis. Et les entreprises doivent suivre … ou courir derrière, c’est selon.
Si les processus internes sont trop rigides ; si l’héritage tech est trop obsolète ; si les organigrammes sont figés, conçus en 1998 pour durer ; Si la culture est trop conservatrice et pas assez ouverte ; si les décisions sont lentes ; si les silos sont la norme ; alors que peut-il bien se passer ?
Les entreprises ne doivent pas se transformer, elles doivent s’adapter aux transformations sociologiques et comportementales que leurs clients ont opérées.
Et non l’inverse.
Ce n’est plus un sujet de digitalisation. C’est un sujet de synchronisation.
Alors oui, la transformation digitale est morte. Et le Graal, c’est l’IA-compatibilité
Il est temps d’être clair.
Sans tourner autour du pot.
Sans remplir des slides car nous en avons tous marre des PowerPoints inspirants et prédictifs.
Sans envelopper la réalité de jargon.
La transformation digitale est morte. Pas par échec mais par accomplissement.
Elle a fonctionné comme elle pouvait, a permis de mettre les entreprises à niveau et d’adopter les outils, les pratiques, les méthodes. Elle a modernisé les organisations, permis l’émergence de nouveaux métiers et a préparé le terrain pour la suite.
Et la suite est là
En 2026, les entreprises n’ont plus besoin d’un chantier digital, elles ont besoin d’un changement de nature.
Et ce changement porte un nom : l’IA-compatibilité.
Être IA-compatible, c’est :
- Repenser son modèle économique pour capter la création de valeur permise par l’IA, et en bénéficier ;
- Structurer ses processus pour tirer parti de l’automatisation intelligente : automatiser ce qui consomme trop de ressources, pour avoir plus de temps pour les taches cruciales ;
- Organiser ses équipes autour de la vitesse, de l’apprentissage et de la délégation aux machines : former, encore, plus, mieux ;
- Identifier les tâches qui doivent être faites par l’humain, car il reste au cœur de tout, et identifier là où l’IA peut l’assister au mieux ;
- Développer une nouvelle relation au risque et à l’expérimentation, car l’IA le permet ;
- Intégrer l’IA dans le cœur des produits, des services et de la chaîne de valeur ; car les consommateurs ont changé, et continuent de changer, vite, souvent trop vite ;
- Repenser la gouvernance pour accélérer les cycles de décision, car l’organisation est la clé ;
- Construire un système d’information qui s’adapte au langage naturel ; car la circulation, la fluidité et la compréhension des données sont cruciales dans un monde en mouvement toujours plus compétitif ;
- Redéfinir la notion même de productivité, car on ne peut plus penser comme au moment de la deuxième révolution industrielle.
L’IA-compatibilité n’est pas une transformation, ce n’est pas une narration, ce n’est pas un fantasme, c’est une métamorphose.
La question n’est plus : “Comment réussir sa transformation digitale ?”
La question est devenue : “Comment rendre son entreprise IA-Compatible ?”
Et cette question-là, contrairement à la transformation digitale, n’est pas près de disparaître.