Votre idée n'a aucune valeur. Et c'est une excellente nouvelle !

Il y a quelque temps, 2 créateurs d'entreprise me commandent une prestation de coaching. L'une de mes activités c'est ce que j'appelle les "appels de clarté", ou "strategic call". Une conversation d'1h00 en visio pour clarifier une situation, éclairer des problèmes ou poser les bases d'un plan stratégique. En fait, je suis disponible pendant 1h00 pour parler des sujets qui importent au créateur. Et ces deux entrepreneurs me contactent pour avoir de l'aide sur leur plan stratégique. Ils réservent un slot, mais me demandent de signer avant tout un NDA, un accord de non-divulgation. L'entreprise n'existe pas encore, elle n'a pas de produit, pas de service, même pas de nom ou de site web, les deux créateurs en sont juste à l'étape de l'idée, mais ils avaient terriblement peur qu'on la leur vole.

J'ai refusé de signer le NDA et la séance n'a pas eu lieu.

Je pense que beaucoup de gens se trompent sur le statut d'une idée.

Et je ressens à nouveau ce mélange de gêne et de lassitude.

1. Le mythe de l’idée géniale

Tout le monde croit que le succès dépend d’abord d’une idée brillante. Comme si une idée, en soi, avait de la valeur.

Nous sommes plus de 8 milliards. Penser que votre idée est originale, unique ou même exceptionnelle est une erreur.

Il est probable que beaucoup de gens l'aient eu avant vous, et que beaucoup de gens l'auront après.

La dimension remarquable d'une idée, ce n'est pas son originalité, c'est le chemin qu'elle trace. C’est un point de départ, pas une destination.

La majorité des idées ont déjà été pensées par quelqu’un d’autre, à un moment ou un autre. Et pourtant, peu ont abouti. Pas parce qu’elles étaient mauvaises, mais parce que personne ne les a portées, exécutées, confrontées à la réalité.

On pense protéger une pépite. Mais souvent, on protège juste un fantasme, fragile, vague, sans aucune preuve d'un quelconque potentiel réel, hormis dans nos rêves.

2. Ce qui compte, c’est ce que vous en faites

Uber n’a pas inventé les taxis. Airbnb n’a pas inventé les locations. Amazon n’a pas inventé le commerce.

Ils ont simplement mieux exécuté. Mieux servi leurs utilisateurs. Mieux compris les besoins réels.

Ce qui différencie une startup qui réussit d’une autre qui végète, ce n’est pas l’originalité de son idée. C’est sa capacité à transformer cette idée en produit. Puis ce produit en usage. Puis cet usage en habitude.

Le succès vient rarement d’une trouvaille géniale dans une nuit d’illumination. Il vient d’un enchaînement de choix opérationnels, petits, quotidiens, lucides.

Je parle souvent de discipline et de persévérance, mais je crois que tout est là.

Quand j'étais adolescent, en seconde ou en première, nous avions surnommé affectueusement l'un de mes amis Terminator.

Il n'était pas le plus intelligent, il le disait lui-même, mais il était le meilleur.

Le meilleur parce qu'il était 10 fois plus discipliné que nous, 10 fois plus persévérant.

Je crois que la discipline et la persévérance permettent d'aller plus loin que la créativité.

 

3. Le fantasme de la propriété intellectuelle

Les fondateurs débutants s’accrochent souvent à leurs idées comme à un brevet secret. Ils veulent des NDA, des brevets, des promesses de confidentialité. Comme si le monde entier attendait de leur voler leur éclair de génie.

Mais la vérité, c’est que tout le monde a des idées. Ce qui manque, ce sont des gens capables de les mener jusqu’au bout.

Protéger une idée, c’est parfois une manière élégante d’éviter le risque de l’échec. Car tant que l’idée n’est pas testée, elle reste parfaite. Intacte. Hypothétique.

Protéger une idée, c'est un bon moyen de vivre dans ses fantasmes plutôt que dans le monde réel.

Mais aucune idée n’est meilleure qu’un début d’exécution imparfait.

Alors non, votre idée n’est pas la clé. La clé, c’est tout ce que vous allez faire pour qu’elle devienne réelle, utile, aimée.

Et ça, personne ne peut vous le voler.